RRRR – L’hélice de Rahan en bambou

Les feuilles qui tournent

La « saison-des-feuilles-jaunes » venait à peine de commencer. Rahan, Naouna et leurs deux enfants, Toroar et Han-Ra, se reposaient dans une clairière après une longue marche en forêt, à la recherche de gibier. Le nouveau type de piège imaginé par le fils des âges farouches avait parfaitement fonctionné et permis de capturer un « front-de-bois » qui les nourrirait pendant plusieurs jours. Paisiblement adossés contre le tronc d’un somptueux érable, Rahan et sa compagne discutaient comme souvent des tribus qu’ils avaient rencontrées les jours précédents. « Ceux qui-marchent-debout » étaient si surprenants par leurs caractères contrastés, souvent imprégnés de mauvais instincts, mais heureusement, selon les personnes et les clans, parfois empreints de bienveillance et d’empathie. Rahan et Naouna aimaient parler ainsi de leurs expériences, ressentant ce besoin de dialogue fondateur d’une sagesse essentielle à leur équilibre. Le soleil était désormais au firmament et le « souffle du ciel » fournissait au couple une agréable brise, propre à les soulager des efforts consentis. L’atmosphère était emplie de cette sérénité qui les comblait de bonheur. À leurs côtés, Toroar et Han-Ra jouaient. Ils avaient très tôt appris à se battre et à se défendre contre des ennemis parfois bien plus forts et plus grands qu’eux, mais ils restaient des enfants qui respiraient l’insouciance de leurs dix printemps. Ils se couraient après, se lançaient des défis qui se transformaient en petites escarmouches pour finir en cascades de rires effrénés. Soudain, une bourrasque secoua les branches de l’érable. Quelques samares tombèrent en tourbillonnant. Les deux enfants arrêtèrent immédiatement leurs occupations pour observer ces petites ailes voleter entre les branches et atterrir doucement sur le sol. Toroar et Han-Ra semblaient subjugués par ce spectacle inhabituel. Rahan se souvint de ces feuilles qui lui avaient jadis donné l’idée de créer ce que, des millénaires plus tard, on nommerait une éolienne, permettant à deux clans de retrouver la paix grâce à un très ingénieux système de récupération d’eau. Ces images défilaient dans son esprit et attisaient sa créativité. « Et si Rahan utilisait ces “feuilles-quitournent” pour amuser ses petits d’hommes ? » se demanda-t-il en regardant ses fils. Ils partirent aussitôt non loin de là, près d’un lac qu’ils avaient longé le matin même. Rahan fit provision de fins et légers bambous qu’il découpa en courtes tiges. Armé de ces petites branches de bois rectilignes, il ramassa des samares et en choisit les plus grandes. Avec la pointe de son coutelas, il en perça ensuite le centre, puis expliqua à ses enfants comment monter l’ensemble, joignant le geste à la parole : 

“Regardez. Rahan insère la tige de bambou au centre de la feuille jusqu’à ce qu’elle soit solidement fixée. Et en faisant tourner rapidement la tige entre ses doigts, Rahan fait s’envoler la “feuille-qui-tourne”

Naouna trouva même un geste encore plus efficace en frottant la baguette entre les paumes de ses mains et en la lâchant immédiatement, accompagnée d’un mouvement vers l’avant. La « feuillequi-tourne » ainsi lancée, virevolta rapidement et s’envola pour retomber bien plus loin, sous les yeux ravis des deux enfants. Ceux-ci, bien évidemment, n’eurent de cesse de renouveler l’expérience par eux-mêmes et jouèrent de longues heures avec ce nouveau divertissement en poussant des cris amusés (« !  ! ») quand ils frottaient leurs bâtons de bambou, sous le regard attendri de leurs parents. Le soir, nos quatre amis quittèrent leur lieu de repos pour continuer leurs aventures, non sans avoir collecté et confectionné de nouvelles « feuilles-qui-tournent » pour les accompagner vers leurs prochaines aventures. Rahan était heureux de penser que les inventions qui lui venaient parfois à l’esprit en observant la nature pouvaient également être des sources de jeu et d’amusement. Qui sait, d’autres enfants, bien des années plus tard, joueraient-ils eux aussi avec le même type de divertissement ? Il caressa du bout des doigts les griffes du collier que lui avait légué Craô, son père adoptif, avant de rejoindre le territoire des ombres, lui demandant de rester fidèle aux vertus qu’elles représentaient : courage, loyauté, ténacité, générosité et sagesse. Des qualités auxquelles sa famille avait rajouté une sixième griffe, celle de l’ingéniosité. Elle lui avait été particulièrement utile en ce jour de chasse et de jeu… Texte d’Olivier Andrieu, d’après Roger et Jean-François Lécureux et André Chéret Images (retouchées sous Photoshop pour en supprimer les textes) extraites des deux histoires suivantes : Le souffle du ciel, planches 4 et 5 Les fils de Rahan, planches 54 et 57

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